Bonjour! J’ai déménagé il n’y a pas longtemps, tout en restant dans la Boucle. Le piano est arrivé par la fenêtre et beaucoup de travaux ont été effectués par nos soins (voir les photos en bas) pour pouvoir réaliser mon rêve de longtemps : avoir un salon chez moi et ainsi pouvoir accueillir une trentaine de personnes pour des objets divers et variés et surtout à part des concerts plus „officiels“.




Le salon a ouvert ses portes pour la première fois :
Lundi 3 mars : lecture de „Lundi pur“. Ivan Chmeliov.
La traduction du roman „L’année de Seigneur“ d’Ivan Chmeliov, qu’avec Jean-Marie Viprey on avait annoncée lors du dernier „salon russe“, ce „chantier“ avance, et c’est le premier chapitre que nous avons lu à haute voix. „Lundi pur“, c’est le premier jour du Grand Carême orthodoxe, qui tombait cette année sur cette date précise. J’ai préparé une petite collation vegan (selon le Carême) pour un moment ensemble après la lecture – petits chaussons aux choux (avec de l’ail et du persil), au sarassin (avec des champignons et des oignons) et aux pommes avec une tisane.


Le salon d'Aglaya / Premier salon
Ainsi est-il né. À la date de ce lundi 3 mars un peu avant 19 heures, au premier étage du 16 rue de Pontarlier. Une vingtaine d'invités, réunis autour d'un piano, « muet » ce soir-là, et curieux d'une première réjouissance intellectuelle programmée dans ce salon au vieux parquet fraîchement raboté pour l’occasion. La seule curiosité architecturale qui pût soulever quelque transport dans le parterre installé sur de véritables chaises d'écolier comme on en trouve peut-être encore aujourd'hui le modèle inextinguible dans les collèges et les lycées français. Un beau vieux parquet lustré à la main, des chaises d'écolier Mullca™ 510 dessinées par Gaston Cavaillon et un piano muet... : la soirée pouvait commencer ; d'autres finitions figées sur des murs au papier blanc défraîchi, la boiserie déchiquetée des encadrements, la peinture écaillée des plinthes, et l'électricité dénudée tombant du plafond... Le décor parfait n'est-ce pas, pour « essuyer les plâtres » de cette jeune « société », comme on baptisait ces cercles littéraires et artistiques élitaires propres à la bourgeoisie érudite des siècles passés. Saluant au passage maintes « Salonnières » que l’histoire a retenu… Citons Madame de Maintenon, qui par là, fit je crois dans l'histoire une carrière admirable devenant la secrète épouse du Roi-Soleil. Ou encore Nino de Lenclos, Madame de Lafayette, Madame de Staël ou Duplessy ; plus tard George Sand ou Juliette Récamier... Stoppant ma litanie mon regard fixé sur la tranche d'un chef-d'œuvre du XXe siècle qui doit beaucoup au talent mondain d'une certaine épouse « Bizet », puis « Strauss », cette Geneviève Halévy selon son nom de jeune fille, et modèle d'une « duchesse de Guermantes » dans La recherche du temps perdu.
Si le « Mercure » s'imprimait encore, on trouverait dans les colonnes de sa prochaine édition un article « galant » rapportant la lecture du premier chapitre d'un roman d'Ivan Chmeliov (écrivain russe, 1873–1950) qui ne fut jamais encore traduit en français.
Dans l'ombre du « Soleil des morts » – bestseller de la littérature russophone sous la plume de ce grand écrivain né à Moscou –,« L'année du seigneur » aura coûté sang et eau à un couple de stakhanovistes engagés dans la réparation de cette injustice depuis bientôt une année entière. Un texte essentiel de la culture russe auquel personne n’avait à ce jour osé ou seulement souhaité s’attaquer, tant nombreuses sont les difficultés de faire correspondre le tempérament du peuple des rives de la Neva, avec celui lentement mûri dans le limon de la Seine.
À la barre de cette chaloupe exaltée : un professeur d’université français, linguiste, et une musicienne née en 1979 à Leningrad, pianiste concertiste de grande réputation dans une partie de l’Europe (notamment en France, Allemagne, Italie et Suisse) où la jeune femme se produit régulièrement. Hypnotisant le public de son talent singulièrement romantique et sentimental (nous n’exagérons rien. Le bonheur d’une prestigieuse et honnête revue comme la notre en souffrirait). Une artiste, comptant plusieurs cordes à son arc et peut-être encore une myriade en réserve dans son sac de voyageuse invétérée ; laquelle avait prévu d’inaugurer son havre artistique ce « Lundi Pur », premier jour de Carême, en choisissant cette corde de « traductrice », tendue par la coïncidence d’un jour du calendrier dont le nom liturgique pour les orthodoxes est éponyme du titre employé par Chméliov pour son premier chapitre dorénavant traduit dans la langue de Molière.
« Il faut imaginer Sisyphe heureux » aurait-on pu conclure à la suite de tant d’efforts consentis pour rendre possible cet événement, et en recueillant ce soir-là sur les visages, une joie radieuse opiner dans le public.
Un premier salon rue de Pontarlier, « russe » pour cette fois, chargé d’entraîner à sa suite de semblables protocoles selon un calendrier plus ou moins régulier tout au long de la saison culturelle. Plutôt un salon « d’hiver » si l’on entend bien l’argument. De quoi égayer nos froides et ternes nuits bisontines d’un rayon de soleil déjà réputé pour nous réjouir le cœur de son génie pianistique suave et délicat.
JL Gantner, mardi 4 mars 2025







Le lien vers une source precieuse de la litterature russe et slave (en français) en ligne :
https://bibliotheque-russe-et-slave.com/index1.html
La Bibliothèque russe et slave, crée en 2010 par Xavier Mottez à l’occasion de l’année France-Russie, s’est donné pour mission de faire connaître du public francophone la richesse de la littérature russe classique et de l’ensemble des littératures slaves, en mettant à sa disposition des traductions du domaine public.
En parallèle à la mise en ligne de textes rares et gratuits, la Bibliothèque russe et slave réédite les meilleures traductions intégrales du XXe siècle des grands textes classiques, au sein des éditions Ginkgo dans une nouvelle collection intitulée « Petite Bibliothèque slave », en accord avec des traducteurs dont les travaux étaient souvent indisponibles depuis des années…
Article de Valentine Grosjean sur Yves Gentilhomme avec le photo de son grand-oncle Ivan Chmeliov :
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