vendredi 24 janvier 2020 – 20h00
Aglaya Zinchenko joue Frédéric CHOPIN
Extraits de correspondance lus par Anthony Lo Papa
Grand Kursaal Besançon
Mon cher Ami,
Permettez-moi de vous recommander une soirée dédiée à un compositeur dont le nom vous est très certainement connu. Fryderik Franciszek Chopin, „délicat de corps comme d’esprit“ et „fin comme sa musique“, vous apparaîtra tout proche et cher comme un ami, à travers l’éclairage de lettres personnelles, quotidiennes, très loin de l’image de l’artiste dans sa tour d’ivoire. Le choix des œuvres, curieusement toutes dans le mode mineur, qu’elles soient rarement données comme sa première Sonate ou largement connues comme la Fantaisie-Impromptu ou l’étude „Révolutionnaire“, vous invite, mon bon auditeur attentionné et intéressé, à goûter l’émotion romantique profonde de cet homme doux et passionné dans ma modeste interprétation sur un piano C. Bechstein de l’année 1900 à la sonorité colorée et touchante.
À vous, toute de cœur
Votre dévouée
A.
Programme :
Sonate n° 1 en do mineur op. 4
Scherzo n° 2 en si bémol mineur op. 31
Ballade n°1 en sol mineur op. 23
Fantaisie en fa mineur op. 49
Nocturne en do mineur op. 48/1
Etude en do mineur op. 10/12
Fantaisie – Impromptu en do # mineur op. posth. 66
Durée : 2h avec entracte
Tarifs : de 12 à 24 € (12 € pour les moins de 26 ans, les titulaires de la carte Avantages Jeunes, les personnes à mobilité réduite, les demandeurs d’emploi / gratuit pour les moins de 12 ans)
Chèques vacances ANCV acceptés
Placement libre
Achat de billets :
- A la librairie Sandales d’Empédocle, 95 Grande rue à Besançon
- Chez le luthier Yves Deloffre, 12 rue Rivotte à Besançon
- Au Kursaal le 24 janvier à partir de 19h15
- La billetterie en ligne est ouverte ici: https://www.helloasso.com/associations/arts-en-synergie/evenements/aglaya-zinchenko-joue-chopin
Organisation et renseignements :
Association Arts en Synergie
artsensynergie@gmail.com
06 75 30 44 96
Licence 1 – 118017, Licence 2 – 118018
https://aglaya-zinchenko.com/arts-en-synergie/
pour écouter l’interview sur
FRANCE BLEU:
https://www.francebleu.fr/emissions/ca-vaut-le-detour-l-invite/besancon/ca-vaut-le-detour-l-invite-183?fbclid=IwAR2DS2peZu0nG5pjBlmVRqSVqybtrU2E66Tgi54mKGo0NfJqvSnkHK9grh8
petit apéritif:
Aglaya Zinchenko joue Chopin : rencontre avec une pianiste singulière (L’essentiel, hiver)
- Votre parcours est remarquable, de Saint-Pétersbourg à Besançon. Quelle formation musicale avez-vous suivi ? Quels sont les maîtres qui ont compté pour vous ?
L’enseignement du piano se transmet depuis plusieurs générations dans ma famille. Quand j’étais enfant, à Saint-Pétersbourg, ma mère, qui enseigne le piano à l’Ecole des Arts Tchaïkovski, recevait beaucoup d’élèves à la maison. C’est une pratique courante en Russie. Cette écoute musicale a sans doute orienté ma pratique instrumentale.
L’enseignement de Natalia Browermann pendant onze ans à l’Ecole Spéciale de Musique, dans laquelle les enseignements musicaux sont intégrés au cursus scolaire, a constitué le socle de ma formation. A 17 ans, j’avais déjà acquis une solide culture musicale, qui s’est ensuite enrichie par cinq années au Conservatoire Supérieur de Musique de Saint-Pétersbourg, puis un peu plus tard par deux années à la Haute Ecole de Musique de Munich.
Je me souviens particulièrement de la professeure avec laquelle j’ai préparé mes examens d’entrée à l’école de musique. C’était la seule personne parmi mes connaissances qui avait un piano à queue. Elle vivait dans un appartement ancien qui ressemblait un peu à un musée. Cette atmosphère a sans doute contribué à former mon goût pour les espaces de concert intimes, chargés d’histoire, d’objets personnels…
- Le jeu de chaque pianiste est unique. Ce qui frappe chez vous, c’est votre manière délicate de saisir le clavier, votre façon de poser les doigts sur les touches
L’essentiel est dans le mouvement. Mon corps ne sait pas danser, mais mes mains et mon esprit dansent. Le poids de la main varie avec le mouvement. La recherche du geste juste conduit à la note juste et à l’expression juste. Elle peut permettre de répondre à une difficulté instrumentale. Toucher le clavier, c’est presque comme tracer un dessin, faire un geste de peintre. C’est le mouvement de la main qui donne l’expression.
- Est-ce que le choix du piano est très important ? Privilégiez-vous un type de piano pour la qualité du son et en fonction du programme du concert ?
Je peux jouer avec n’importe quel piano. Je ne cherche pas un instrument avec une homogénéité parfaite. Pour le concert au grand Kursaal de Besançon par exemple, j’ai choisi un piano Bechsteinparce qu’il a une histoire et une esthétique sonore particulière qui réveille la mémoire de mon enfance.
- Comment avez-vous construit votre programme pour le concert du 24 janvier ?
J’ai envie de faire connaître la première sonate de Chopin, écrite à l’âge de 17 ans, qui est trop peu jouée, et dont le troisième mouvement est une pure merveille. Le programme s’est ensuite organisé autour d’oeuvres plus connues qui rendent compte de la richesse et de la diversité de son œuvre. Je viens de me rendre compte que j’ai choisi des œuvres qui sont toutes en mode mineur. J’aime que le public fasse une expérience personnelle qui le touche, qu’il sorte des sentiers battus pour aller peut-être là où il n’est encore jamais allé.
- Quel sens donnez-vous pour ce concert au compagnonnage avec le chanteur Anthony Lo Papa ?
La démarche artistique d’Anthony Lo Papa, fondateur du Cortège d’Orphée, est rare et proche de la mienne, et notre complicité depuis deux ans m’est précieuse. Sa lecture de textes issus de la correspondance de Chopin permettra de saisir l’homme dans sa vie quotidienne, de dépasser l’image conventionnelle de l’artiste installé dans sa tour d’ivoire.
- Vous aimez dépasser les frontières, croiser les regards. Est-ce que le dialogue entre les arts apporte un éclairage sur les œuvres ?
Bien évidemment. C’est par le croisement de plusieurs chemins que l’on atteint l’essentiel. La peinture, la danse, la poésie sont d’autres langages, mais qui cherchent tous à questionner l’existence.
- Reconnaissez-vous des influences dans votre interprétation de la musique ?
Je me souviens d’un concert au Musikverein de Vienne qui m’a marqué. Elisabeth Leonskaja avait joué les « Valses nobles et sentimentales » de Ravel. J’avais l’impression de boire chaque note sans être jamais désaltérée. J’étais allée à sa rencontre après le concert pour lui faire part de cette émotion. « Mais bien sûr, chaque note a valeur d’or » m’avait-elle répondu.
- Vous aimez approcher une oeuvre dans un rapport intime avec le public, dans une maison, un appartement privé, en la jouant plusieurs fois, en l’expliquant.
Le travail de pédagogie, de transmission, est important pour moi. Le public ne doit pas seulement ressentir des émotions, il doit comprendre quelque chose, il doit sortir du concert un peu transformé. Dans le cadre du cycle « Une heure – une œuvre » par exemple, j’interprète une pièce une première fois, puis j’explique sa composition, son contexte. L’oreille éclairée s’ouvre alors à de plus vastes sensations. La réception est modifiée la deuxième fois par une sorte d’intimité avec le compositeur et son œuvre. La connaissance affine la sensibilité. C’est une expérience qui doit ennoblir le public.
- La musique met en jeu la maîtrise technique de l’instrument, l’intention musicale, l’émotion. Avez-vous une image mentale d’une œuvre ?
Je n’ai pas d’image, j’éprouve plutôt des sensations qui peuvent être visuelles, tactiles, gustatives… Je suis dans un état de conscience qui est plus sensible qu’intellectuel. Je peux imaginer par exemple la sensation d’un bain chaud. La perception de la sensation conditionne mon toucher.
- Quand on vous regarde, on a l’impression qu’un concert est une expérience presque sacrée. Qu’en dites-vous ?
Chaque concert me nourrit et nourrit les spectateurs. La nourriture quotidienne est importante, mais de temps en temps nous avons besoin d’une agape. Il se produit parfois quelque chose d’exceptionnel, mais c’est toujours imprévisible, sans volonté particulière.
Propos recueillis par Nicole Moulin